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  L'enfant et le deuil de son animal de compagnie

Pour la plupart des enfants, la mort d'un l'animal domestique constitue la première expérience du deuil, la première fois qu'ils ont à affronter la perte et le sentiment d'abandon qui vont de paire avec le décès d'un être cher.
D'où l'importance, en tant que parents, de faire les bons gestes qui, s'ils ne parviennent pas à faire disparaître le chagrin, réconfortent un peu les petits cœurs meurtris.

Les parents doivent se préparer à l'avance à devoir répondre inlassablement aux mêmes questions. C'est ainsi que les enfants s'efforcent d'intégrer le deuil.

Les enfants sont capables de vivre un deuil et il ne faut pas leur éviter le contact avec la mort. De toute manière, ils auront tôt ou tard contact avec celle-ci et cette fois, possiblement pour un grand parent ou quelqu’un de proche.
Il est important de toujours leur dire la vérité par rapport au décès et à sa cause. Un enfant à qui on a caché les faits entourant le décès de son animal favori pourrait vous en vouloir longtemps après avoir découvert la vérité. Soyez donc franc et honnête. C’est légitime de vouloir protéger son enfant de la douleur que nous ressentons mais les enfants sont capables de vivre et de partager cette douleur. Il faut savoir les soutenir et leur répéter qu’on les aime.
Vous serez surpris de constater plus tard que votre enfant est passé au travers de son deuil sans problème majeur.

Comment aborder un sujet aussi difficile que la mort avec de jeunes enfants?
Quel effet la disparition de l'animal favori peut-il avoir sur le petit qui la subit?
De quelles façons les parents peuvent-ils contribuer à amoindrir le choc et poser les gestes qui soulagent?
Exploration d'une réalité infiniment triste, d'où la sincérité doit tout de même absolument primer.

 

• Comment expliquer la mort à son enfant

Quand vous lui expliquez la perte de votre animal familier, utilisez les mots juste: "mort", "mourir", "décédé" au lieu d'euphémismes. Ce sont tous des mots clairs et précis dont le cerveau de l'enfant apprendra à bien maîtriser le sens immédiatement.

Si vous devez ne retenir qu’un seul point sur ce sujet, souvenez-vous d’être toujours honnêtes et francs avec vos enfants sur tout ce qui touche la mort de son animal. Il faut leur expliquer les choses en termes clairs, simples et précis et éviter les ambiguïtés. Il faut expliquer simplement que le corps ne fonctionne plus et surtout ne pas dire qu’il est parti ou disparu. Si l’animal est déjà malade dans les jours précédents, n’hésitez pas à l’expliquer à votre enfant et à le préparer tranquillement au fait qu’il pourrait bientôt mourir. Il faut lui souligner que son animal est très, très, très malade afin que maladie et mort ne soit pas associé directement.

• Une réaction différente selon les âges

La perception de la mort diffère selon l’âge des enfants. Les moins de cinq ans voient la mort comme un phénomène temporaire et réversible. Ils ont tendance à reposer les mêmes questions afin de mieux comprendre. Les enfants de moins de 2 ans pourront ressentir du stress dans la maison sans vraiment en savoir la cause. Consolez-les et faites plus attention à eux pendant le deuil.  En général, les enfants entre 2 et 5 ans croient typiquement qu'ils sont "invincibles"  La mort pour eux est un exploit réversible qu'ils voient chaque jour dans les dessins animés. Bien qu'ils ne puissent pas comprendre que leur animal familier est mort, le fait de leur avoir expliqué clairement le concept de la mort, les aidera à mieux comprendre plus tard ce qu'est la mort.

De six à neuf ans, les enfants sont très curieux et s’intéressent aux raisons qui ont causé le décès. Ils ont besoin de discuter ouvertement et d’être rassurés. Après dix ans, les jeunes considèrent la mort comme les adultes la conçoivent.
Les parents doivent dire à leurs enfants que le chagrin est normal et nécessaire à l'apaisement. Il est également normal que les enfants en veuillent aux parents ou au vétérinaire qui n'ont pas pu sauver leur ami. Il faut être compréhensif et leur expliquer avec patience que dans la vie, il y a des choses que les adultes ne peuvent pas changer.

 

• Comment aider son enfant à faire son deuil

Essayez de lire à votre enfant un livre où l’on parle de la mort d’un animal. La lecture répétée permet à l’enfant d’intégrer le concept de mort. Ce peut être le point de départ d’un questionnement auquel il est important de répondre patiemment. Demandez à votre libraire de vous guider dans le choix de ce livre. Voici une sélection:


Les enfants peuvent aussi dessiner des images de leur animal familier sous la terre, enterrer des poupées ou se renseigner en vous posant des questions choquantes au sujet de ce qui arrive à leur animal familier quand le corps est sous terre. Toutes ces questions et réponses sont normales et saines.

Montrez votre propre chagrin devant votre enfant est aussi sain. Le fait de cacher vos émotions et votre chagrin face à la mort de votre animal familier pourraient les laisser croire que vous êtes insensible. Cela pourrait aussi les amener à penser que vous ne seriez pas triste si eux étaient morts. Avoir du chagrin et pleurer devant un enfant valide à ses yeux que lui aussi peut exprimer ses émotions et  que cela est correct de le faire.

Il ne faut jamais dire aux enfants qu'ils sont "trop grands pour pleurer" et leurs sentiments ne doivent jamais être repoussés. Les enfants ont souvent des "idées magiques" et peuvent se sentir coupables de la mort de leur animal. Par exemple, dans un mouvement de colère, ils peuvent avoir souhaité la mort de l'animal, puis penser que c'est de leur faute si l'animal est mort.

Les familles peuvent être créatives pour commémorer la mort de leur animal familier. Plantez un arbre ou mettez un caillou gravé près de l'endroit favori où se tenait le chat ou le chien dans la maison. Écrivez une lettre au chien et l'enterrer en est une autre. Encouragez vos enfants à dessiner des images. Chaque membres de la famille devraient être encouragés à commémorer la mort de leur animal familier dans un chemin qui prendra maintenant tout son sens.

Certains parents auront le réflexe d’acheter un autre animal au plus vite afin de remplacer celui qui vient de mourir. L’enfant est capable de faire la différence et n’acceptera pas nécessairement le nouvel animal. Mais un remplacement trop hâtif peut inhiber le processus normal d'acceptation du deuil, et inciter l'enfant à croire qu'il trahit le compagnon perdu et à rejeter le nouvel animal. Il peut aussi s'imaginer que nul n'est irremplaçable, même lui, ce qui est très angoissant.

Comme les moins de six ans ont tendance à mal comprendre le concept de mort, quand un animal meurt, il est préférable de leur fournir un soutien affectif plutôt que de longues explications. Passé cet âge, on peut leur parler plus en détails de la mort de l'animal. Si ce dernier a été victime d'un accident, il ne faut pas employer de descriptions désagréables ou morbides pour éviter les cauchemars. Si un jeune enfant a vu l'accident, il faut l'encourager à en parler. Il faut toujours expliquer en langage simple et direct pourquoi et comment l'animal est mort.

Il arrive que des parents bien intentionnés donnent à leurs enfants des explications traumatisantes.

Un enfant peut se sentir rejeté ou abandonné si on lui dit que le chat s'est enfui ou est allé vivre dans une autre famille au lieu de lui dire qu'il est mort. Des explications religieuses comme "Dieu l'a emporté au ciel parce qu'il voulait un gentil chien comme lui", risquent de déclencher des accès de rage et de révolte parce que l'enfant va croire qu'en étant sage et gentil, il s'expose à être arraché à sa famille.

 

• Comment voir que "ça va mieux"

Il n'y a pas de règle fixe sur le délai qui peut s'écouler avant l'acquisition d'un nouvel animal. Les parents peuvent en décider en se questionnant:
    A-t-on consacré assez de temps aux échanges de sentiments?
    L'enfant est-il capable de parler de l'animal mort sans trop de chagrin?
    L'enfant peut-il parler de prendre un autre animal sans avoir l'impression de trahir le prédécesseur?
  L'enfant peut-il envisager l'acquisition d'un animal d'une autre espèce, ou d'une autre couleur; ou si l'animal est exactement comme le précédent, lui donnera-t-il un autre nom?

Outre les discussions mentionnées ci-dessus, on peut suggérer diverses activités familiales qui aideront la famille à intérioriser sainement le deuil. Par exemple, regarder des photos ou des objets de l'animal. Parents et enfants doivent pouvoir exprimer ce qu'ils aimaient ou n'aimaient pas chez cet animal. Les enfants qui ne savent pas s'exprimer en paroles peuvent écrire des histoires ou faire des dessins. La famille peut organiser un "enterrement" ou une "commémoration" d'après les suggestions des enfants.

Tout cela rend la douleur plus concrète, facilite l'épanchement du chagrin et resserre les liens familiaux.

 

• Quand s'inquiéter

S'ils sont suffisamment soutenus et aimés, la plupart des enfants accepteront la mort d'un animal sans grand traumatisme. Mais certains peuvent réagir très violemment à cette perte. Les signes d'un deuil pathologique chez l'enfant peuvent être :
      L'enfant s'accroche anormalement à ses proches
      Cauchemars persistants
      L'enfant se tient à l'écart de sa famille et de ses amis
      Conduite excessivement oppositionnelle
    Nervosité accrue et perte marquée de confiance en soi
     Enurésie chez les enfants normalement propres
   Chez les adolescents et pré-adolescents, troubles somatiques fréquents sans véritable cause (typiquement maux de tête et douleurs stomacales).
     Problèmes de comportement et/ou baisse des résultats scolaires
     Mauvaise concentration dans le travail

Ces symptômes n'ont rien d'anormal lorqu'ils surviennent immédiatement après la mort de l'animal. Toutefois, s'ils apparaissent un mois ou plus après, il serait bon que l'enfant et sa famille consulte un psychologue.
 

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