Beaucoup de propriétaires de chiens sont désemparés devant les
conduites indésirables de leur compagnon, se demandant comment et
pourquoi ils ont un animal ingérable.
Plus
ou moins bons maîtres sachant poser avec patience et discernement des
règles de vie structurantes pour leur compagnon, ils se voient
débordés par les comportements de grande agitation, de peurs ou/et
d’agressivité de l’animal depuis son plus jeune âge.
Ces
propriétaires ont bien sûr à s’interroger sur la bonne qualité de la
relation qu’ils proposent à leur chien, mais ils découvrent un peu
tard qu’ils n’ont pas su faire l’acquisition d’un chiot bien
« préparé » et qu’ils n’avaient pas toutes les informations pour faire
ce choix.
Avant de naître
Tout
chien est d’abord l’expression de son patrimoine génétique, c’est
évident.
Comme
c’est un animal social, il a des facultés innées à devenir un chien
pouvant vivre en groupe, grâce à sa capacité d’apprendre à
communiquer, lui permettant de s’adapter à son environnement.
Cette « promesse » génétique ne pourra cependant se réaliser et donner
un chien apte à vivre dans une famille humaine, que si toutes les
bonnes conditions sont réunies pour favoriser le développement
physiologique, psychique et comportemental de cet animal.
Un
chien c’est tout une somme d’aventures qui vont le façonner, et faire
de lui le compagnon équilibré et sociable que tout le monde aime, ou
au contraire l’animal agressif ou peureux ou malpropre (ou tout à la
fois !) que personne ne comprend et voudra rejeter.
Somme
d’aventures qui commencent bien avant la naissance du chiot, quand -in
utero- il fait d’ores et déjà ses premiers « apprentissages ».
La
qualité du vécu prénatal influe sur le comportement du chiot qui
naîtra –le bien être ou, au contraire, le mal être psychique de la
génitrice- faisant toute la différence.
Quand
il n’est pas offert à une chienne une gestation paisible et
confortable, les chiots « baignent » dans la gamme des émotions
négatives des chocs et du stress vécus par leur mère. C’est déjà
une certaine sensibilité qui s’acquiert là, in utero.
Dès la naissance
L’histoire du chiot continue de s’enrichir de son vécu, chez l’éleveur
ou sa famille d’élevage.
Une
génitrice peu sociable, anxieuse et peureuse, agitée et peu attentive,
ou trop tolérante et permissive, ou débordée et fatiguée par une
portée trop nombreuse, éduquera mal ses chiots.
A
l’inverse une mère équilibrée, qui vit dans un environnement où les
reproducteurs cohabitent paisiblement, fait faire à ses petits en
interaction avec elle (si sa portée lui est laissée minimum 8 pleines
semaines) les premiers acquis des rituels de salutations, de
soumission, de dominance, d’invitation au jeu, avec l’auto contrôle de
leur énergie et l’inhibition de leur morsure.
Les
chiots apprennent aussi à communiquer « chien » pacifiquement, en
évoluant ou regardant évoluer des congénères adultes qui s’apprécient.
Ils se familiarisent avec les postures, les mimiques, les vocalises
régissant la communication entre les uns et les autres.
Au
contraire, des chiots retirés de leur mère prématurément ou élevés en
boxes isolés ne se développent pas idéalement car l’isolement social
prépare des chiots peureux à l’excès.
Ceux en
contact avec des congénères adultes agités, aboyeurs ou en conflits
permanents, sont en quelque sorte « préparés » à être agités et
aboyeurs aussi, mordilleurs à l’excès et potentiellement agressifs. Le
« modèle » que représentent ces manières d’être en relation entre
chiens, façonne des timides plus émotifs, des déterminés encore plus
dominants, des agités encore plus difficiles à contrôler.
C’est
toute la cohésion d’un groupe de chiens à l’élevage, avec les
interactions nombreuses et ludiques (n’empêchant pas pour autant
certaines rivalités qui se règlent dans le respect de la hiérarchie)
qui favorisent l’épanouissement optimal des chiots, à la fois
physiquement, psychiquement et socialement.
De
même, la qualité des échanges sociaux entre les éleveurs et leurs
chiens, a un retentissement positif sur les chiots qui sont ainsi
naturellement confiants dans l’être humain, à l’image des adultes
reproducteurs. Cette une bonne socialisation des chiots à l’espèce
humaine qui se prépare, si tous les contacts et soins donnés aux
chiots par les personnes qui les entourent, sont doux et agréables
pour les petits. Plus tard ceux-ci seront ouverts à des rencontres
aisées avec d’autres êtres humains qui a priori ne seront pas à
redouter.
En
résumé l’élevage en très grand nombre et en boxes isolés et quelle
qu’en soit sa qualité sanitaire (toujours mise en avant) ne permet pas
une socialisation optimum aux congénères comme aux humains, espèces
avec lesquelles immanquablement ils évolueront et même cohabiteront
plus tard.
Nouvelle vie
Dès
l’acquisition d’un chiot, le plus gros du travail reste à faire
et charge aux maîtres de parfaire la socialisation entamée à
l’élevage, en renforçant la familiarisation aux congénères (en
rencontres avec et sans laisse), humains et autres espèces animales
(ex :chat). Cela par une diversification d’expériences toujours
positives et sans les différer.
L’infinie variété des morphologies des chiens et des humains, fait
mesurer qu’un chiot aura avantage à être familiarisé au plus vaste
registre racial possible, et rapidement car le temps est compté.
Une
période sensible et dite de retrait social guette en effet le chiot
(globalement autour de sa 8ème semaine) période où il est
poussé jusqu’à des comportements d’évitement dans les semaines qui
suivent.
Autant
le chiot était apte à faire 1000 découvertes sans stress majeur
pendant sa vie à l’élevage, dans sa période génétiquement programmée
de grande attraction sociale (entre les semaines 4 et 7) autant
ensuite il commencera à connaître la peur (vers sa 8ème
semaine) et abordera moins facilement tout ce à quoi il n’aura pas été
familiarisé avant.
La
tranquillité intérieure d’un chiot confiant et explorateur (acquise
dans les meilleures conditions d’élevage) lui donne de très grandes
facultés d’apprentissages. Il sera « facile à éduquer » sachant
aisément contrôler son énergie, prêt à respecter les limites, si des
maîtres avertis et responsables initient avec lui une bonne qualité de
relation, basée sur une communication performante. Il sera prêt alors
à se révéler un chien apte à s’adapter, fiable dans ses réactions pour
accompagner sa famille, dans n’importe quelle activité de leur
quotidien.
Le chien que l’on a, n’est donc jamais que
le résultat des divers façonnements successifs dont il a été l’objet
au cours de son développement jusqu’à l’âge adulte. Quand ils ne sont
pas ignorés, ces divers façonnements successifs sont plus ou moins
bien menés, organisés et aboutis.
Cela peut faire mesurer aux futurs
acquéreurs novices, qu’ils auront intérêt à prendre conseil auprès de
l'éleveur pour bien apprendre comment démarrer une bonne
relation. |